Co-auteur : Thomas Bruhin
Les coronavirus existent depuis longtemps. Certains causent des rhumes classiques, mais d’autres provoquent des maladies dangereuses, comme le Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient (MERS) ou le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le coronavirus qui préoccupe actuellement le monde est apparu fin 2019 à Wuhan, en Chine, et s’appelle officiellement le SARS-CoV-2, la maladie qu’il provoque la COVID-19.
Comme indiqué dans , la création de vaccins peut prendre plus de 20 ans. Au vu de la souffrance humaine causée par le SARS-CoV-2 et des dommages économiques considérables, personne n’a autant de patience et la course internationale à la mise au point d’un vaccin et de médicaments pour traiter la maladie s’est emballée. Cela pose de nombreux défis. la partie I de notre article sur les vaccins
Ralentissement de la prolifération et de la propagation du virus
Les muqueuses nasales et pharyngées constituent la première ligne de défense du système immunitaire. Toutefois, pour l’instant, aucun vaccin n’a permis d’atteindre une immunité totale ("stérilisante") qui protège déjà de façon permanente les muqueuses nasales et pharyngées. Les vaccins en cours d'élaboration visent donc à ralentir la prolifération et la propagation des virus dans d’autres organes. Cela signifie que les personnes ne présentant pas de complications graves ne tirent aucun bénéfice du vaccin et que la chaîne de contamination n’est pas interrompue, car les virus peuvent continuer à proliférer dans la bouche et le pharynx.
Stimulation d’une réponse immunitaire adéquate
Des protéines S, ou "Spikes", se trouvent à la surface des coronavirus. Grâce à elles, les virus se collent aux récepteurs cellulaires, les "clés" ouvrant les portes des cellules. Ces protéines Spikes sont bien reconnues par le système immunitaire humain et se trouvent donc d’une manière ou d’une autre dans tous les vaccins candidats.
Malheureusement, le système immunitaire réagit au SARS-CoV-2 lorsque celui-ci a déjà franchi les muqueuses nasales et pharyngées, mais souvent de manière inappropriée, c’est-à-dire que la défense immunitaire est excessive ou insuffisante. Dans la mise au point d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, le défi consiste donc à stimuler le système immunitaire afin qu’il réagisse de manière appropriée ; et ce, chez les personnes en bonne santé comme chez celles dont le système immunitaire est déjà affaibli par l’âge, l’obésité ou d’autres traitements.
Vaccins candidats contre la Covid-19 en phase III
La création classique d’un vaccin passe par plusieurs étapes, dont la dernière, appelée phase clinique III, consiste à tester l’efficacité et la sécurité du vaccin sur un groupe plus large de volontaires. Actuellement, selon , les vaccins candidats suivants se trouvent dans cette dernière phase clinique : ClinicalTrials.gov
Type de vaccin | Entreprise/Institution |
---|---|
Vaccin inactivé contre le virus SARS-CoV-2 (contient un virus tué) | Sinovac et Butantan Institute |
Vaccin inactivé contre le virus SARS-CoV-2 | Sinopharm |
Vaccin à vecteur AZD1222 (contient des séquences de l’ARN ou de l’ADN du virus) | Université d’Oxford et Astra Zeneca |
Vaccin à vecteur mRNA-1273 | National Institute of Allergy and Infectious Diseases (Etats-Unis) et Moderna |
Vaccin à vecteur BNT162-mRNA | BioNTech et Pfizer |
Vaccin à vecteur Ad26.COV2.S | Janssen (J&J) |
Vaccin à vecteur Ad5-nCoV | CanSino Biologics |
Vaccin à vecteur Gam-COVID-Vac | Gamaleya Research Institute of Epidemiology and Microbiology / Ministère de la Santé de la Fédération de Russie |
Le législateur américain a actuellement créé la possibilité d’approuver des vaccins dans le cadre d’une « Emergency Authorization ». Cela permet de raccourcir la phase III. Parallèlement, les fabricants de vaccins sont dégagés des risques en termes de responsabilité.
Participation des entreprises suisses
Deux entreprises suisses participent partiellement à la mise au point d’un vaccin. Le fabricant à la commande Lonza collabore ainsi avec l’entreprise de biotechnologie Moderna, Lonza prévoyant de fabriquer la substance active du vaccin aux Etats-Unis et dans le Valais. Siegfried, un autre fabricant à la commande de produits pharmaceutiques, a récemment annoncé avoir conclu un contrat de coopération avec BioNTech/Pfizer pour le remplissage de son vaccin. Le fabricant de peptides Bachem profite également, dans une moindre mesure, de la production de produits liés à la COVID.
Traitement médicamenteux de la COVID-19
Les entreprises suisses participent également à la création de substances actives pour le traitement de la COVID-19. Roche est le plus avancé dans ce domaine avec son médicament Actemra, qui réduit la probabilité que les patients atteints de la COVID-19 et souffrant d’une pneumonie aient besoin d’une ventilation mécanique. Ces données d’étude peuvent être soumises aux autorités sanitaires. Relief Therapeutics et Molecular Partners ne sont pas encore aussi avancés. L’Aviptadil de Relief est actuellement en phase d’essai II/III, tandis que la substance active de Molecular commencera une étude de phase I au quatrième trimestre.
Enfin, des entreprises comme Roche et Tecan contribuent à l’identification des infections par la COVID-19. Avec sa branche Diagnostics, Roche propose par exemple des tests qui permettent de tester simultanément les patients pour la grippe et le SARS-CoV-2. Tecan a conclu un partenariat avec Thermo Fisher afin de fournir les appareils équipés du logiciel associé pour la détection de la COVID-19.